Je reviens sur le moment, aprés mon accident, où je me suis senti "partir".
Tout d'abord il y a eu le noir absolu, sans aucune source de lumière.Puis l'impression de montée, un peu comme si on était aspiré vers le haut. Il est difficile d'immaginer que l'on puisse etre en mouvement quand on a aucun point de repère. Ensuite la "lumière", qui vous entoure de toute part (un peu comme lorsque l'on est en plongée -l'eau vous entoure de toute part), chaude, rassurante, "intelligente". J'avais l'impression de faire partie de cette lumière, d'en être un des éléments constituant, de former un tout avec elle.
Je me souviens aussi de la "musique". Là je ne sais pas comment l'expliquer : musique, moyen de communiquer, chanson... ?
L'absence de temps qui passe, présente depuis le moment du "départ", est quelque chose d'assez déroutant. On ne peut pas immaginer un autre monde, une autre dimension où le temps n'existe pas : c'était mon point de vue avant l'accident. Le peu que je me souviens est que "on" m'a permis de voir l'intégrité de la durée de ma vie. Chose aisée puisque l'on peu "se déplacer" indifférement vers le passé, le présent ou le futur et en même temps avoir une vue d'ensemble sur le temps.
Puis le retour, dur, implacable, froid, douleurs sont les premiers sentiments que j'ai ressenti en me réveillant. Le temps que j'ai passé à l'hopital a été quelque chose d'atroce, retouvé sont corps blessé, meurtri n'est pas chose facile. J'ai ressenti une grande solitude et une grande tristesse. Quand je suis sorti, j'ai redécouvert un monde en trois dimension et la beauté de celui-ci ainsi que sa fragilité. La végétation, les animaux, le ciel, le soleil, les étoiles, la lune ... ont été pour moi la plus belle des choses, impression étrange, comme ci je débarquai sur une autre planète.
Durant quelques mois, j'ai eu ce sentiment de solitude, de vide, même entouré de personnes. Puis j'ai pris conscience d'où je revenais. J'ai su au fur et à mesure du temps qui passait pourquoi j'était revenu. Il m'est apparu petit à petit que j'était là pour quelqu'un. Ausi étrange que cela puisse parraître, je suis revenu pour une femme et pour avoir une fille avec elle. Quand je l'ai rencontré, j'ai su que c'était elle. Mais pas d'enfant en vue et j'ai commencé à douter. En mai 2003, les médecins ont diagnostiquer, chez ma femme une ménopause précoce (39ans) donc plus question d'enfant. Et pourtant je restais persuader que je ne pouvais m'être trompé. Fin décembre 2003 on apprenais qu'elle était enceinte de 4 mois 1/2, quelle surprise pour elle !!!! Quant à moi je n'était qu'à moitié étonné. Le 12 avril 2004 naissait Sarah, notre fille. Mais depuis qu'elle m'avait annoncer qu'elle était enceinte, j'avais eu la confirmation de ne m'être pas tromper.
Le destin est écris et ne peut être changer. et je connais une partie de mon avenir, pas dans les détails. J'ai su dès début janvier 2004 que nous allions nous séparé, je sais aujourd'hui que nous reviendrons ensemble après avoir vécu quelque temps séparemment.
Je vais arrêter la mon histoire, même si j'ai d'autre choses à dire, comme une image qui m'est resté gravé (à mon retour de l'autre côté), celle d'un dragon avec une épée plantée dans le coeur, le fait de ne plus avoir peur de la mort, qui représente, pour moi, juste un passage vers l'autre monde...